Jean Claude

A la rentrée scolaire de septembre 1960, j’avais 20 ans, je sortais de l’Ecole Normale d’Instituteurs de Paris. Et j’étais affecté, à ma demande, à l’école primaire de garçons « Jules Ferry » à Bagnolet.

A ma demande, car bien que demeurant à Saint-Denis, je rejoignais ma fiancée, institutrice depuis un an en l’école maternelle à Bagnolet, près de chez elle car elle habitait rue Pelleport dans le 20e arrondissement de Paris.

Il s’agissait d’assurer la scolarisation des enfants du « baby-boom » ou pic de natalité de 1945 à 1960. Les classes étaient donc surchargées et les instituteurs recrutés avec le bac mais sans formation professionnelle. Le seul point positif était qu’il n’y avait pas de chômage et que ceux qui restaient à l’école primaire jusqu’à 14 ans, même sans certificat d’études, trouvaient du travail.
Nous nous sommes tout de suite syndiqués au SNI de la FEN qui deviendra plus tard le SNUIpp de la FSU. Nous avons participé aux luttes pour l’amélioration de l’école publique : diminution des effectifs, formation des maîtres, ouvertures de classes… et est arrivé le grand mouvement social de 1968.

Nous avons fait grève pendant un mois. Les accords de Grenelle ce fut : 35% d’augmentation du SMIG, 10% d’augmentation des salaires, la section syndicale d’entreprise, la 4e semaine de congés payés.

Pour l’Education Nationale, ce fut la relance d’une nouvelle pédagogie et des aides aux élèves en difficultés. Ce fut la reprise de la formation de psychologues scolaires. Et nous sommes devenus tous les deux psychologues scolaires. Nous avons adhéré au Parti Communiste Français pour obtenir une traduction politique du mouvement social et nous avons soutenu l’action de la municipalité communiste pour la transformation de la ville au service de sa population d’ouvriers et d’employés : les logements sociaux pour résorber l’habitat insalubre, le centre de santé, des crèches, les 19 écoles maternelles et élémentaires et une cuisine centrale, une médiathèque et des bibliothèques de quartier, des équipements sportifs, la piscine, des centres sociaux-culturels de quartier, des conservatoires de musique et de danse, un cinéma, des centres de loisirs et des centres de vacances…

Nous ne quitterons jamais Bagnolet parce que nos amis militants syndicaux et politiques sont là, parce qu’à Bagnolet on ne se laisse pas faire et qu’il y a une tradition de lutte qui participe actuellement à la montée d’un nouveau mouvement populaire, démocratique, unitaire, pour la 6e République et vers l’écosocialisme.

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